Journal de bord : J4

Publié le par clypss.over-blog.com

Lundi 2 avril

 

Départ pour le premier jour au dispensaire

 

Nous voilà toute l’équipe prête à partir pour le dispensaire, la Maison des Enfants d’Awa, situé à Dioffior, le deuxième plus grand village du Sénégal. Après 2h de route nous arrivons devant la façade du dispensaire, où une fresque annonce dans les trois langues du pays (le français, le wolof et le sérère) «  Apprendre à un enfant c’est bâtir son avenir et celui de son pays ». Ici la chaleur est pesante, il n’y a pas la mer à proximité à l’inverse de La Somone, là où nous dormons.  

Dés notre arrivée nous sommes accueillis par Isabelle, rebaptisée Awa qui signifie « tombée en amour de l’Afrique », et son mari Joël.  Nous entrons donc dans le dispensaire. Les bâtiments sont neufs car en effet le centre a été inauguré le 31 août 2009. Comme nous l’explique Awa, sa couleur préférée est le bleu donc les volets et les portes sont de cette couleur. Il y a une cours au milieu, avec des jeux pour les enfants peints aux couleurs du Sénégal : il y a des balançoires, des tourniquets et un toboggan. Nous déposons les trois valises pleines de matériel scolaire et médical dans l’infirmerie et commençons donc la visite du dispensaire. Tout au long de la visite, Awa nous explique sa motivation pour créer un dispensaire, quelles sont les actions de ce dispensaire etc.

L’association « la MAISON des ENFANTS d'AWA » est une association humanitaire sénégalaise à but non lucratif, reconnue d’utilité publique, agissant pour accueillir de jeunes orphelins ou enfants défavorisés.

Awa nous emmène donc premièrement dans son bureau. Dans cette petite pièce tout est rangé méthodiquement. Il ya trois grandes armoires, remplies de jeux et de livres pour enfants. Notre hôte nous informe que la plupart des jeux et livres lui ont été rapportés par des bénévoles qui séjournaient au dispensaire ou envoyés par des donateurs de France. Il y a également une armoire remplie de classeurs avec des cours et des méthodes d’enseignements. Awa nous explique qu’à l’origine elle n’a jamais travaillé dans le système éducatif, et que pour donner une bonne méthode aux enfants, elle s’est renseignée dans de nombreux livres et a demandé de l’aide à des instituteurs pour proposer un bon programme aux enfants.

Nous passons donc ensuite à la visite des classes. Il y a trois classes : petite section, moyenne section et grande section. Les enfants des classes de grande section et moyenne section ont des rangées de tables de deux tandis que les enfants de petite section n’en ont pas. Les classes sont décorées des travaux des enfants faits durant l’année. On peut voir des mobiles accrochés au plafond avec le nom des élèves, des traces de mains d’enfants à la peinture sur les murs ou encore d’autres travaux colorés accrochés aux murs.

Après la visite des classes, nous nous dirigeons vers les douches et les sanitaires pour les enfants. Des douches ont étés construites car chaque semaine, il y a un jour « hygiène ». En effet, les enfants n’ont pas tous la chance de pouvoir se laver avec du savon et des infections de peau peuvent très vite survenir. C’est ainsi qu’une fois par semaine, les enfants sont lavés méthodiquement, la tête y compris pour enlever le sable qui se coince dans les cheveux crépus et qui démange la tête. En plus de l’éducation scolaire, Awa leur enseigne des gestes quotidiens tels que se laver correctement ou se laver les dents. Sur le centre il y a des ouvriers qui construisent de nouveaux sanitaires, car pour le moment, il n’y a que deux sanitaires à disposition pour les enfants.

Pour finir cette visite du centre, nous regagnons l’infirmerie où nous avions laissés nos valises remplies de matériel scolaire. Awa nous dit qu’une infirmerie était indispensable sur le centre car souvent les enfants arrivent avec des brûlures assez importantes suite à des accidents domestiques. Les parents n’ont souvent rien à disposition pour les soigner alors Awa se charge de les soulager avec le matériel à disposition. Nous faisons ensuite la connaissance d’Eva, une infirmière venue bénévolement sur le centre pour une durée de deux mois. Vient ensuite le moment de ranger le matériel rapporté. Tout le monde s’y met : le matériel scolaire tel que des jeux, des livres, des cahiers, des stylos, des craies etc sont ramenés dans le bureau d’Awa pour qu’elle puisse faire le tri ensuite ; le matériel médical (pansements, brosses à dents, dentifrice, compresse de gaz…) est rangé dans l’infirmerie. Nous mettons de côté les vêtements et petits jeux pour enfants, ainsi que les bijoux et parfums destinés aux femmes pour les distribuer lors des rencontres avec les familles.

Awa nous expose ensuite le programme des trois jours de notre présence : notre après-midi est réservé à la visite des courées, c'est-à-dire la rencontre des familles des enfants du centre, dans le quartier du Forage ainsi que dans le quartier de SICAP. Le mardi, nous partirons en dehors de Dioffior, dans des villages beaucoup plus excentrés et le dernier jour est réservé au défilé de la fête nationale avec les enfants du centre.

 

Notre première mission sur le centre est de créer une banderole qu’on affichera sur une charrette  lors du défilé. Nous nous installons à l’ombre, et nous mettons d’accord sur l’esthétique de la banderole. Nous décidons d’écrire sur la banderole « Les Enfants de la Maison d’Awa » avec les couleurs du Sénégal. Après que Marie-Lou ai écrit les lettres au crayon de papier, Awa, Eva et les infirmières Wendy et Bénédicte, nous rejoignent pour peindre cette banderole. Ce moment nous a un peu tous fait retombé en enfance, nous nous appliquions tous, et cela nous a permit de nous rapprocher de nos hôtes. Notre chef-d’œuvre est enfin terminé mais Sara le trouve un peu vide. Elle décide donc de combler le fond avec de la peinture bleue. La banderole est réussie ! Awa est fière de nous, nous laissons donc notre banderole séchée et partons déjeuner avec eux.

 

Après le repas le départ pour les courées débute. Trois charrettes nous attendent devant le centre.  Après plusieurs jours au Sénégal et déjà l’expérience des charrettes, ce moyen de transport ne nous dérange plus, mais est au contraire pour ma part mon préféré.

Nous voilà donc réparti sur les trois charrettes en direction du quartier du Forage. Le paysage est aride : nous roulons sur des chemins de sable, autour de nous il y a de la paille, des plantes sèches, des baobabs, et quelques arbres verts pour contraster. Les courées sont délimitées par des palissades en pailles et à l’intérieur il y a deux ou trois maisons. Une institutrice du dispensaire nous attend pour nous faire rencontrer les différentes familles. Nous nous arrêtons donc rencontrer une femme dont l’enfant est à l’école d’Awa. La maison est en brique avec un toit en paille, composé d’une seule pièce centrale avec un lit et un meuble pour le rangement. Cette maman nous invite à rentrer, nous acceptons mais avec gène, car nous sommes beaucoup et il y a peu de place. La honte monte encore plus lorsqu’elle nous dit de nous installer sur son lit tandis qu’elle s’assoit par terre avec ses enfants. En regardant au plafond, il y avait les dessins que son enfant avait fait à l’école qui étaient accrochés. Awa entame donc la discussion avec elle et nous nous laissons entrainer également, un échange culturel se produit.  Nous discutons, jouons avec ses enfants et lui offrons quelques petits cadeaux que nous avions rapportés de France.

Des enfants nous ont vu arriver, et intrigués, ont passés la tête par la porte pour savoir ce qui se passait. Nous avons donc gonflé des ballons pour chacun d’eux et sommes sortis jouer avec eux. Ce qu’on remarque avec les enfants, c’est qu’ils adorent être pris en photos,  poser devant l’objectif, donc nous avons pu jouer avec eux.

Nous continuons les rencontres de différentes familles accompagné d’Awa et de l’institutrice. Il y a là un énorme échange culturel, les sénégalais et les français se mélangent, tout le monde parle ensemble. Les enfants sont contents, chacun à un ballon, et ils se contentent simplement d’un ballon pour jouer. Plus loin nous voyons un groupe d’homme pelles et pioches à la main. Ils sont en train de construire une maison. Ils nous expliquent que plusieurs familles s’entraident pour construire une maison pour une seule famille, il y a ici un fort esprit de solidarité.

Nous terminons notre visite du quartier du Forage chez une famille très pauvre. La maman a beaucoup d’enfants, et les conditions matérielles sont restreintes, il n’y a qu’un seul lit peu confortable, et très peu de meubles. Ici les enfants sont très bien élevés et cette maman nous accueille très sympathiquement.

 

Ceci était notre dernière visite du quartier du Forage et nous partons donc désormais dans le quartier de Sicap. Nous traversons donc tous le village en charrette et nous arrêtons dans une famille. Ici le papa et la maman sont présents, mais nous échangeons en particulier avec le papa. Il nous explique ce que le dispensaire représente pour lui et ses enfants, qu’Awa fait un travail formidable pour la communauté. Il nous parle également des principes et valeurs du Sénégal : ici, quand les parents sont trop vieux (il n’y a pas de retraite), ce sont les enfants qui travaillent pour subvenir aux besoins des parents. De plus, toute la famille vit ensemble, les enfants ne partent pas. C’est une autre vision de la famille par rapport à chez nous. Les échanges que nous avons eu avec chacune des familles nous ont permit à tous d’avoir un esprit plus ouvert sur le monde et d’apprécier encore plus ces différences. Cette famille nous a même offert des cacahouètes grillées à la fin pour nous remercier. Mais est-ce vraiment à eux de nous remercier ? Qu’avons-nous apporté à part du matériel ? C’est eux qui nous ont donné le plus, ils ont la richesse du cœur.

 

C’était notre dernière visite de la journée auprès des familles. Nous rentrons donc au dispensaire pour un petit débriefing avec le groupe. Awa nous demande donc qu’est ce que nous avons pensé, nos remarques, nos émotions. La plupart était choqués de la pauvreté qu’il y avait, du manque de vêtements, de matériel, des conditions difficiles dans lesquels ils vivaient. Mais je pense qu’il y a des choses encore plus importantes à retenir de cette journée. Ils sont heureux. Ils respirent la joie de vivre. Ils sont heureux dans un monde où ils n’ont pas grand-chose. Ils se contentent du minimum et s’en sortent très bien. Après je pense que nous pouvons nous remettre en cause, nous qui vivons dans un monde capitaliste, qui ne vivons qu’à travers le matérialisme, qui ne savourons pas les simples choses de la vie. Certes il faut admettre qu’ils manquent cruellement de soins et d’éducation. Nous avons tous remercié intérieurement ces familles qui nous ont montrées d’un coté la chance que nous avons, et de l’autre, nous ont montrées que eux ils ont la chance de vivre dans un esprit de solidarité.

 

 

Nous avons donc quitté Awa la tête pleine de questions et de souvenirs pour rejoindre notre maison à La Somone.

Une fois la nuit tombée, nous nous sommes rendus sur la plage pour assister à un spectacle de chants africains. Après avoir rencontré les musiciens et avoir hésité un petit moment avant de nous lancer autour du feu, notre guide Daouda nous a entrainé pour danser avec lui autour du feu. L’ambiance s’est détendue et on s’est tous laissé entrainer par les danses rythmiques africaines. Sara a même proposé aux musiciens d’échanger les rôles : nous les élèves ont joue de la musique avec leurs instruments et les musiciens eux dansent autour du feu à notre place. Après quelques minutes de brouhaha et de rires, nous avons chacun repris nos places respectives afin de continuer la soirée. La soirée s’est déroulée dans une très bonne ambiance, le cadre était magnifique, un feu sur la plage un soir de pleine lune. Après avoir discuté un peu avec les musiciens, nous sommes rentré car une longue journée nous attendait le lendemain matin au dispensaire.

 

                                                                                                                    Solène Brun

 

Publié dans Descriptif de l'action

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